La Musique Improvisée…un regard parmi d’autres…
« Pour moi, improviser, c’est jouer dans l’énergie du son, dans l’instant, présente au présent. C’est jongler avec une infinité de matières musicales différentes, dont on étend la palette sonore à chaque nouvelle improvisation. C’est une exploration permanente, un laboratoire perpétuel.
La musique s’improvise alors d’elle-même, au fur et à mesure, sans processus de volonté, elle s’impose à nous davantage que nous ne l’imposons. Chacun « nourrit » le jeu de l’autre. Il y a un échange permanent d’énergies en mouvement.
Improviser, c’est aussi se débarasser des mémoires, des conditionnements, des automatismes pour éventuellement laisser la place à quelque chose de neuf, qui n’a peut-être jamais été joué de cette manière et qui ne se rejouera jamais de la même façon.
Chaque moment de musique improvisée est unique, magique parfois…
Il me semble important de ne pas juger si cela sonne bien ou mal, car au moment où l’on joue, on ne sait pas toujours si c’est une bonne idée. Ce n’est souvent qu’après que l’on peut avoir un avis plus objectif sur ce qui s’est passé. Cette démarche demande beaucoup d’autonomie.
Pour moi, improviser demande de lâcher prise et d’avoir une écoute maximale de ce qui se passe autour de nous. C’est une démarche à la fois mentale et intuitive, où l’équilibre des deux crée l’unité.
La créativité naît aussi souvent dans la contrainte. Improviser ne veut pas dire jouer n’importe quoi. Le processus est proche de celui de la composition : prendre une idée musicale précise, voir comment elle peut se développer en une forme, une structure, une logique musicale.
Je pense également que la véritable créativité est de jouer avec du cœur. Bien sûr, la matière musicale est importante, elle est notre outil, nous transportons avec nous une valise d’expériences rythmiques, harmoniques, mélodiques, techniques qui vont faire notre son, notre couleur. Mais au-delà de toute cette intelligence musicale, l’intelligence du cœur est la plus importante . »
Véronique Bizet